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le robinson suisse.

solue à ne pas nous aventurer davantage, je décidai qu’il fallait reprendre le chemin du logis, en suivant le bord de la mer, dans l’espérance de trouver encore des débris du vaisseau, dont nous pourrions retirer quelque utilité.

« Nous vîmes, en effet, des caisses, des ballots, des tonneaux, toutes choses trop lourdes pour être emportées par nous ; il fallut nous contenter de pousser ces objets assez loin du rivage, afin que la marée ne les entraînât pas de nouveau. Pendant que nous étions tous occupés, nous remarquâmes que Turc et Bill fouillaient de leurs pattes et de leur museau le sable du rivage et avalaient avec avidité ce qu’ils trouvaient. Ernest courut vers eux et s’écria : — Maman ! maman ! des œufs de tortue ! Nous en ramassâmes deux douzaines, laissant les chiens manger tranquillement les autres.

« C’est alors que nous vîmes au large la voile de votre bateau. D’abord François fut très-effrayé : il pensait que ce pouvait bien être un canot de sauvages. Ernest, de ses yeux perçants, vous avait reconnus. Nous courûmes en toute hâte vers le ruisseau, et bientôt nous avons pu vous rejoindre après votre débarquement. Voici toute mon histoire, mon cher ami ; maintenant, promets-moi que nous irons nous établir demain avec toutes nos provisions près d’un des beaux arbres dont je t’ai parlé.

moi. — Très-volontiers, ma chère amie, si la chose est possible ; seulement, je crois devoir te dire que, si tes mesures sont exactes, le logement se trouverait trop haut placé. Quelle fatigue pour monter dans nos chambres et en descendre plusieurs fois par jour ! Allons nous reposer en attendant, car la nuit arrive ; demain nous verrons ce qu’il y aura à faire. »

Nous dormîmes tranquillement.

À notre réveil, je dis à ma femme : « Écoute, ma chère amie, la nuit a porté conseil ; ton projet de changer de domicile présente bien des difficultés. Pourquoi quitter ce lieu