Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.
40
le robinson suisse.

CHAPITRE IV

Excursion. — Les outardes. — L’arbre gigantesque. — Les œufs de tortue. — Ma femme me demande à transporter notre tente dans un autre endroit. — Nos observations à ce sujet. — Je cède à ses instances. — Le cadavre du requin. — Nous nous décidons à construire une sorte de pont-levis.


« Tu dis que tu as grand désir de savoir mon histoire ; et cependant, depuis près d’une demi-heure, je cherche l’occasion de commencer sans que vous me le permettiez ; vous ne perdrez rien pour attendre : plus l’eau est lente à s’amasser, plus longtemps elle coule.

« La première journée se passa sans aucun événement important ; je ne quittai presque pas le rivage, d’où j’avais les yeux sur le navire pour voir vos signaux. Ce matin, sentant une chaleur plus insupportable qu’à l’ordinaire, dans ces lieux privés d’ombrage, je me rappelai tout ce que vous m’aviez dit sur cette belle contrée visitée par vous, deux jours auparavant ; je résolus d’aller moi-même de ce côté avec mes enfants. Je leur fis part de mon projet après le déjeuner : chacun accueillit mes paroles avec joie, et nous prîmes les choses nécessaires au voyage. Les deux aînés se munirent de deux fusils, de deux couteaux de chasse, de deux gibecières remplies de vivres, de poudre et de plomb. Pour moi, je me chargeai d’un sac bien garni, d’un bidon d’eau et d’une hache.

« Ayant fermé soigneusement la tente, nous nous mîmes en route sous la garde de Dieu : nos deux chiens nous précédaient. Turc, qui reconnaissait si bien vos traces, nous guida jusque de l’autre côté du ruisseau, où alors nous allâmes un peu à l’aventure. Je portai le petit François sur mon dos. Dans ce désert, nos uniques défenseurs étaient