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le robinson suisse.

mais recharge ton fusil et tenons-nous sur nos gardes : il pourrait bien revenir encore une fois. »

Cette précaution fut inutile. Quelques minutes après nous abordions sains et saufs, nous et nos bêtes.

La famille nous accueillit avec de grandes démonstrations de joie, et admira l’appareil de natation inventé par nous pour conduire notre bétail.

« En vérité, nous dit ma femme, jamais je n’aurais trouvé un moyen si merveilleux.

— À tout seigneur tout honneur, répondis-je : Fritz est l’auteur du procédé. »

Ma femme embrassa son fils ; il fallut ensuite songer à déballer notre cargaison. Jack se chargea d’ôter aux animaux leurs corsets de liège et leurs tonneaux. Mais l’âne rétif ne se laissa pas faire, et Jack, montant dessus, le frappant des pieds et des mains, l’amena vers nous tout équipé, pour voir si nous réussirions mieux. Le cavalier et le baudet avaient, il faut l’avouer, une singulière tournure ; nous ne pûmes nous empêcher d’en rire, et notre hilarité augmenta quand nous vîmes l’étrange accoutrement de Jack : il portait autour du corps une sorte de ceinture très-large toute couverte de poils jaunes et touffus dans laquelle était une paire de pistolets.

« Où donc, lui demandai-je, as-tu pris une pareille ceinture ?

— Elle est de ma fabrique, me répondit-il d’un air fier et content. Et puis, regardez nos chiens. »

Je vis autour du cou de nos chiens des colliers de même façon et de même couleur tout armés de longs clous. « C’est toi, Jack, qui as fait ces colliers et cette ceinture ?

jack. — Oui, cher père, et maman m’a aidé seulement pour ce qu’il fallait coudre.

moi. — Où donc avez-vous trouvé du cuir, du fil et des aiguilles ?

ma femme. — Le chacal de Fritz a fourni le cuir : quant