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travaux pendant cette espèce d’hiver. L’adresse de Jenny à tresser la paille et les roseaux nous donna l’idée de consacrer une partie de notre temps à fabriquer soit des chapeaux fort légers, soit de grandes nattes pour remplacer la toile à voile, qui commençait à s’user. À tout prendre, ma famille voyait arriver la saison pluvieuse avec beaucoup moins d’effroi qu’à l’ordinaire. Nous comptions sur la complaisance de notre nouvelle amie pour nous perfectionner dans la langue anglaise, dans laquelle notre prononciation avait toujours été très-fautive.

L’hivernage se passa et la belle saison revint. Le cœur agité de mille sentiments divers, je prends la plume pour achever ce livre. Dieu est grand ! Dieu est bon ! tels sont les premiers mots qui se présentent à ma pensée au moment d’exprimer pour la dernière fois mes sentiments. Il dirige toutes choses avec une sagesse infinie ; il a accordé à ma famille une protection qui a surpassé toutes mes espérances, et j’en suis si ému, que je ne puis trouver assez de calme pour terminer cette histoire d’une manière satisfaisante.




CHAPITRE XLIV

Événement inattendu. — Le yacht la Lionne à la recherche de la Dorcas. — Le capitaine Littlestone. — Le mécanicien et sa famille. — Préparatifs du départ. — Deux de mes fils me quittent pour retourner en Europe. — Conclusion.


C’était vers la fin de la saison pluvieuse ; le ciel, cette année, s’était éclairci plus tôt qu’à l’ordinaire, et la nature renaissait dans toute sa beauté. Nous sortions de notre maison comme, après un orage, les pigeons sortent de leur colombier ; nous parcourions notre jardin, nos diverses plan-