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le robinson suisse.

regretter d’être tirés sitôt de leur sommeil. Fritz courut hors de la tente, ramassa un des chacals tués par nous cette nuit même et le mit debout en parade à l’entrée de notre demeure. Dès que nos chiens l’eurent vu, ils firent entendre d’horribles aboiements, et, le croyant en vie, ils voulaient s’élancer dessus. Les trois autres enfants, curieux de savoir ce qui se passait dehors, sortirent alors, Jack le premier, avec son singe, qui, à la vue du chacal, rentra précipitamment et se coucha sous nos matelas de mousse et d’herbe. Ernest déclara que le chacal était un renard ; Jack voulait que ce fût un loup, tandis que le petit François le prenait pour un chien jaune.

« Monsieur le savant, dit alors Fritz à Ernest, comment se fait-il que vous, qui avez si bien reconnu l’agouti, vous ne reconnaissiez pas le… chacal ?

— Tu ne sais probablement le nom de cet animal, répliqua Ernest d’un ton irrité, que parce que papa te l’a appris.

— Allons ! calmez-vous, dis-je à mon tour en intervenant. Toi, Ernest, il faut supporter patiemment d’être repris quand tu te trompes ; toi, Fritz, sois moins moqueur et moins mordant dans tes observations. Au surplus, pour vous faire tomber d’accord, apprenez que cet animal a donné matière à bien des discussions entre les naturalistes : le chacal tient, tout à la fois, du loup, du renard et du chien. »

Les deux enfants firent la paix ; et alors vinrent des questions, des observations, des commentaires sans suite et sans fin,

« Mes amis, leur dis-je, il ne faut jamais commencer sa journée sans prier Dieu ; prions-le donc maintenant. » Ils se mirent tous à genoux autour de moi et invoquèrent le Seigneur. Ensuite, on pensa au déjeuner. Nous n’avions pas autre chose que du biscuit, et du biscuit même assez dur. Nous dûmes nous en contenter. Pendant que nous le mangions avec du fromage, Ernest découvrit du beurre salé