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le robinson suisse.

du mât, plein de confiance dans son active surveillance. Tout étant ainsi arrangé, nous nous retirâmes à la poupe de notre petit bâtiment, où nous dressâmes une tente de toile à voiles, et où nous nous étendîmes sur nos peaux d’ours et d’hyène. Nous passâmes une nuit tranquille, pendant laquelle nous n’entendîmes d’autre bruit que les hurlements des chacals, auxquels le nôtre joignait sa voix.

Le lendemain matin nous fûmes debout de bonne heure, et, après un bon déjeuner à la fourchette, nous nous rendîmes au banc d’huîtres, où nous fîmes une pêche si abondante, que je résolus de rester trois jours entiers en cet endroit. Nos huîtres étaient rassemblées en un grand tas sur la grève, pour y sécher au soleil : j’y ajoutai une certaine quantité de deux plantes que j’avais remarquées dans les environs, et qui me parurent être du kali et de la soude. Je désirais beaucoup pouvoir parvenir à fabriquer cette dernière matière, qui devait m’être fort utile, surtout pour faire du savon et pour raffiner le sucre. Vers le soir, une heure environ avant le souper, nous allions chaque jour en excursion dans l’intérieur du pays, et nous ne revenions jamais sans rapporter avec nous quelques oiseaux connus ou inconnus.

La dernière soirée de notre pêche, nous éprouvâmes un grand désir de pénétrer un peu plus avant que de coutume dans le petit bois. Nous croyions avoir reconnu le cri de coqs d’Inde ou de paons, et nous n’aurions pas demandé mieux que d’abattre, en même temps, un quadrupède, s’il s’en fût présenté. Ernest et le brave Falb nous précédaient. Derrière eux marchait Jack avec son chacal. Fritz et moi étions restés sur la grève, où nous avions encore quelques dispositions à faire. Soudain nous entendîmes un coup de fusil suivi de cris affreux, et puis d’un second coup. À l’instant même Bill et Braun s’élancèrent du côté d’où le bruit était parti, et Fritz y courut aussi, tenant son aigle sur le poing. Il le décapuchonna, le lança, et puis tira un coup de pistolet. Les cris