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le robinson suisse.

côté, et qui s’avance jusqu’en face de l’arche. Là s’étendent des récifs qui séparent complètement la baie de la mer, avec laquelle celle-là ne communique que par une passe très-étroite. Il est impossible de voir une situation plus belle et plus avantageuse pour un port de mer. Je voulais profiter de la passe pour sortir de la baie ; mais la marée qui montait ne me le permit point. Je longeai donc le promontoire, espérant y trouver une porte de sortie comme celle qu’il y a de l’autre côté ; mais je fus trompé dans mon attente. En revanche, je vis un grand nombre de quadrupèdes qui me parurent être de la grosseur du chien de mer. Tantôt ils grimpaient contre les rochers et tantôt jouaient ensemble dans l’eau. Désirant beaucoup faire avec eux une connaissance plus intime, je cherchai à m’ emparer d’un de ces animaux. J’étais trop loin pour pouvoir les atteindre d’un coup de fusil. En conséquence, j’amenai mon canot derrière une saillie du rocher, et, prenant mon aigle, je le lançai contre la troupe de ces amphibies. Il fondit sur eux comme la foudre, et enfonça ses serres sur l’un d’eux ; je courus aussitôt en sautant par-dessus des quartiers de roche, et je tirai l’animal avec ma gaffe. À mon grand étonnement, je ne vis plus la moindre trace des autres ; ils avaient complètement disparu, comme toucha » par la baguette d’une fée. »

Ici tous les jeunes gens s’écrièrent à la fois : « Eh bien, Fritz, quel animal était-ce donc ? Un chien de mer ? Ne l’as-tu point amené avec toi ?

fritz. — Oui, je l’ai amené. Ne voyez-vous pas cette masse informe couchée là-bas sur le sable ? Il a fallu qu’elle nageât derrière mon canot, et elle s’en est acquittée admirablement bien.

ernest. — Cela ne m’étonne pas, je m’aperçois que tu l’as remplie de vent comme les Groënlandais font de leurs chiens de mer quand ils les tirent à la remorque.

jack — Mais quel est donc cet animal ? À le voir, on dirait une grosse valise pleine avec deux pattes de canard.