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le robinson suisse.

mortes. Alors je n’eus plus envie de m’en nourrir ; cependant je voulus les examiner de plus près, et je coupai quelques bouts de ces filaments dont je vous ai parlé, pensant qu’ils pourraient nous servir dans la fabrication de nos chapeaux, et je les serrai dans ma gibecière. Ayant percé à coups de couteau plusieurs des huîtres mortes, je trouvai leur chair si dure et si coriace, que j’en dus conclure qu’elles ne devaient pas être comestibles ; je trouvai contre l’écaille plusieurs perles, une, entre autres, grosse comme une noisette ; les voici, examinez-les. »

À ces mots, mes trois autres enfants s’approchèrent de leur frère, et examinèrent avec curiosité ces perles d’une blancheur éblouissante.

« Tu as trouvé là un vrai trésor, mon enfant, dis-je à Fritz : des nations entières nous porteraient envie si elles connaissaient notre merveilleuse découverte. Tu nous apportes là de vrais perles orientales d’un très-grand prix ; malheureusement, comme nous n’avons de relation avec personne, ces bagatelles ne nous seront même pas aussi utiles que les nids d’hirondelles ; cependant nous irons un jour voir la baie où tu as trouvé ces huîtres, qui, avec le temps, deviendront peut-être inappréciables pour nous. Continue ton récit[1] »

Fritz continua ainsi : « Après avoir pris un peu de nourriture, je continuai ma navigation au hasard le long de la plage unie, qui se montrait de plus en plus variée et découpée en petites baies. Mais je n’avançais pas vite, à cause du paquet d’huîtres que je traînais après moi. J’arrivai à la rivière dont j’ai parlé. Elle coulait lentement, et était couverte des plus belles plantes aquatiques, ce qui la faisait ressembler à une prairie. Plusieurs oiseaux couraient dessus, et, entre autres, une espèce qui avait les pattes fort longues. J’arrivai bientôt au promontoire qui ferme la baie de l’autre

  1. À partir de cet endroit, jusqu’à la fin du livre, nous donnons la traduction de madame de Montolieu, en la modifiant partout où c’est nécessaire. (Note du traducteur.)