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le robinson suisse.

excursion. Donnez-nous vos fardeaux ; nous ne sommes point fatigués, puisque nous n’avons presque rien fait de la journée.

Les enfants s’empressèrent autour de nous : Jack prit mon fusil, Ernest les noix de coco, le petit François les calebasses, ma femme ma gibecière.

Fritz distribua à ses frères les cannes à sucre, remit le singe sur le dos de Turc, et pria Ernest de se charger de son fusil. Celui-ci, malgré sa paresse, prit l’arme, mais ma femme ne tarda pas à l’entendre se plaindre de son lourd fardeau ; elle lui ôta donc les noix de coco.

« Ah ! dit Fritz, si Ernest savait ce que contiennent ces grosses bourres couvertes de filasse, il ne les céderait pas : ce sont de vraies noix de coco ; des noix si chères à monsieur le naturaliste.

— Comment ! comment ! des noix de coco ! s’écria Ernest ; ma mère, rendez-les-moi, je les porterai sans être fatigué, et, s’il le faut, je laisserai là ce lourd bâton, qui, sans doute, n’est bon à rien.

— Si tu fais cela, dit Fritz, tu le regretteras beaucoup ; sache que ce bâton est une canne à sucre. Je veux vous apprendre à tous comment on tire un jus délicieux de ce roseau. »

Mes enfants furent émerveillés, et ma femme elle-même éprouva un grand plaisir en voyant qu’elle aurait du sucre pour son ménage. Je lui expliquai nos découvertes de la journée et lui remis nos assiettes et nos plats de calebasse.

Quand nous fûmes arrivés à l’endroit qui marquait la place de notre cuisine, nous eûmes une agréable surprise en voyant rôtir autour d’un bon feu des poissons et une oie, tandis qu’une marmite placée au-dessus de la flamme laissait échapper l’odeur d’un bon bouillon. Non loin de l’âtre, dans un tonneau sauvé du naufrage, étaient d’excellents fromages de Hollande entourés de cercles de plomb.

« Ma chère amie, dis-je alors, nous ferons honneur à ton