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le robinson suisse.

CHAPITRE XXXIX

Excursion de Fritz. — Nos inquiétudes à son sujet. — Son retour. — Il nous raconte ce qu’il a vu de remarquable. — Les nids comestibles d’hirondelles. — Quelques mots sur ces nids. — Les perles. — La loutre de mer. — L’albatros et le billet mystérieux.


Un matin, Fritz, sans nous en demander la permission, quitta Felsheim, et nous ne nous aperçûmes de son absence que le soir, n’ayant plus retrouvé son caïak attaché au rivage. Pleins d’inquiétude, nous nous rendîmes sur-le-champ au rocher d’observation. Le pavillon de signal fut hissé, et nous tirâmes un coup de canon. Déjà le soleil, dorant de ses derniers feux la surface des eaux, allait disparaître à l’horizon, quand, à force de regarder avec notre lunette, nous découvrîmes au loin notre coureur d’aventures dans sa légère embarcation. Il ramait avec vigueur, et cependant il me semblait qu’il n’approchait pas vite du rivage de Felsheim.

Un second coup de canon fut tiré ; puis nous remontâmes dans notre pinasse, afin d’arriver à temps pour recevoir Fritz à son débarquement. Dès qu’il entra dans la baie du Salut, je pus voir ce qui ralentissait sa marche : un gros animal nageait attaché à tribord du caïak, tandis qu’à l’arrière était suspendu un énorme sac.

« D’où viens-tu ? criai-je à Fritz quand il fut à portée de la voix. J’espère que tu es chargé ! Tu n’as couru aucun danger ?

— Dieu merci ! me répondit-il, il ne m’est arrivé rien de malheureux ; au contraire, ce voyage m’a fait faire de bonnes découvertes. »

La caïak fut déchargé et tiré sur la grève. Nous entourâmes Fritz, aussi avides d’entendre le récit de son expédition qu’il était lui-même désireux de nous le faire.