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le robinson suisse.

Je retrouvai également les grands cylindres de cuivre nécessaires pour un pressoir à sucre, les pelles en métal et les écumoires, le tout bien conservé et nullement endommagé par l’oxydation. J’avais donc les éléments importants, et je construisis alors un four destiné à chauffer le jus de canne. Un grand pressoir, mis en mouvement par une vis, fut disposé au-dessus des cylindres, qu’il faisait tourner ; un levier coudé, à l’extrémité duquel s’attelait une de nos bêtes de somme, mettait tout l’appareil en mouvement. En quelques jours, nous pouvions avoir la quantité de sucre nécessaire à notre consommation de l’année.

Nous fîmes un autre pressoir dans le même genre destiné à trois usages différents : d’abord à écraser le chanvre sous un cylindre de pierre, au lieu de le frapper avec un pilon, comme nous l’avions fait dans le principe ; ensuite à broyer les olives ou les raisins, si nous en avions plus tard, comme nous n’en désespérions pas encore ; enfin à piler le cacao ou d’autres substances de ce genre. Pour faire le fond de ce pressoir, j’avais creusé une grande pierre tirée de la carrière voisine de la grotte de cristal, et dont j’ai parlé déjà, comme étant très-molle d’abord, et acquérant ensuite, sous l’influence du feu ou même de l’air, une grande solidité. Je l’avais travaillée de manière à former un rebord de près d’un pied qui la maintenait suspendue au-dessus d’un four pratiqué dans la terre, et que nous chauffions quand il s’agissait de préparer des noix, des amandes ou des olives, ou tout autre fruit oléagineux, où la chaleur est nécessaire pour hâter l’opération.

Nous avions d’abord établi ces deux pressoirs en plein air, dans la langue de terre comprise entre notre pont et la baie où nous chassions les harengs ; mais plus tard nous construisîmes un toit pour les mettre à l’abri, puis, bientôt après, le toit nous amena à compléter notre travail par une bâtisse assez grossière qui nous permettait cependant de travailler dans ce lieu en toutes saisons.