Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/405

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
377
le robinson suisse.

Aussi notre musée devenait de plus en plus curieux, et c’était pour nous une occupation intéressante et instructive à la fois, que de relire les quelques ouvrages de zoologie ou de botanique que nous avions sauvés du naufrage, en ayant sous les yeux les échantillons décrits par les naturalistes. Le dimanche était consacré en partie à cette étude, et, bien qu’Ernest fût de tous le plus assidu, chacun cependant comprenait la nécessité de cette science, qui nous mettait à même de profiter de beaucoup de richesses qui sans cela fussent restées inaperçues.

Ce musée était à Felsheim, lieu ordinaire de notre résidence. Aussi avions-nous employé toute notre activité et notre industrie à embellir et à perfectionner notre demeure. Devant la façade régnait une galerie formée par un toit en pente qui venait reposer sur quatorze piliers de bambous. Ces piliers avaient été entourés de vanille ou de poivriers, qui sont des plantes grimpantes, et cette végétation en avait fait bientôt quatorze colonnes de verdure dont l’aspect était à la fois réjouissant pour l’œil et pour l’odorat. Nous avions d’abord essayé d’y faire pousser de la vigne ; mais l’ardeur du soleil, en cet endroit, était trop forte pour qu’une autre plante que les plantes indigènes des tropiques pût y croître. En revanche, celles-ci prospéraient si promptement, que nous les trouvions toujours chargées d’épices quand nous en avions besoin. »

À chacune des extrémités de la galerie était une sorte de pavillon au milieu duquel jaillissait une fontaine. L’une d’elles versait l’eau dans le bassin formé de l’écaille de la grande tortue d’Ernest, tandis que l’autre n’avait pour réservoir qu’une auge en bambou ; nous attendions une nouvelle tortue pour établir une symétrie parfaite entre les deux fontaines. C’était auprès de la première que nous nous réunissions le plus souvent. Chacun des deux pavillons était surmonté d’un petit toit travaillé dans le goût chinois. Enfin des conduits mobiles de bambous nous permettaient de di-