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le robinson suisse.

« Qu’est-ce donc ? nous dit-il, et qui a fait ce bruit ?

— C’est un jaguar, reprit Fritz. Je l’ai aperçu ; il est magnifique.

— Où l’as-tu donc vu ?

— Là-bas, près du marais des Canards.

— Alors je me sauve.

Nous plaisantâmes alors sans pitié le pauvre garçon, qui, pendant toute la soirée, fut très-honteux de la frayeur qu’il avait eue.

Quand nous fûmes un peu reposés de nos fatigues, ma femme remit sur le tapis la question de restaurer notre château de Falkenhorst. « Sans doute, nous dit-elle, Felsheim est une habitation plus commode, plus vaste, plus sûre ; mais notre château aérien est, de son côté, le meilleur logement que nous puissions espérer pour l’été. Nous ne devons pas le négliger ; autrement il tomberait en ruines, et, puisque partout nous faisons des travaux, pourquoi cette chère habitation, où nous avons trouvé un abri en arrivant sur cette terre, ne participerait-elle pas à son tour à nos embellissements ? »

Je trouvai ces paroles pleines de sens, et je promis à ma femme que nous allions tous nous mettre à l’œuvre ; les enfants demandèrent auparavant de faire une place d’appât artificiel, pour attirer nos antilopes et nos gazelles. Ce travail fut promptement achevé ; et, en effet, nous pûmes, à travers le treillage, contempler de plus près les gracieux mouvements de ces animaux et choisir parmi notre gibier celui que nous voulions chasser.

Nos travaux de Falkenhorst s’exécutèrent aussi avec rapidité, si l’on a égard à notre peu de ressources et à la grossièreté de bon nombre de nos outils. Les racines de la base furent rabotées et polies ; puis tout autour nous construisîmes une petite terrasse en terre glaise, que nous consolidâmes avec du goudron et de la résine. L’intérieur de l’habitation fut également réparé ; nous garnîmes les ouver-