Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
371
le robinson suisse.

traire, plus douce. Fritz avait rapporté une branche de ces deux espèces différentes.

L’examen de ces échantillons me fit reconnaître, dans le premier, le câprier, dont les boutons, avant d’éclore, donnent cette graine que l’on emploie dans les sauces et les ragoûts, en la faisant confire dans du vinaigre ; le second était une sorte d’arbre à thé. Cette nouvelle acquisition fut reçue avec grand plaisir par ma femme, qui la mit sous sa protection toute spéciale et promit d’en avoir le plus grand soin.

Cependant notre voyage s’était effectué sans aucun incident ; quand nous fûmes au pont de la Famille, Jack prit les devants et continua sa route jusqu’au marais des Canards, où il cacha le sac mystérieux dont il n’avait pas voulu se dessaisir, et il eut soin de le laisser plonger dans l’eau, comme le lui avait recommandé son frère aîné.

À notre arrivée et en attendant Fritz, que son excursion avait retardé, François, Ernest et moi, nous nous chargeâmes du déballage de nos richesses ; alors je fus, à mon tour, frappé du nombre de nos volatiles ; on pouvait craindre, en effet, qu’en s’augmentant encore elles ne devinssent un danger pour nos plantations et notre jardin ; je résolus de les séparer et d’en transporter une partie dans nos îlots ; notre basse-cour n’avait pas besoin de nos soins pour prospérer, elle savait trouver elle-même sa nourriture ; nous ne conservâmes donc auprès de nous que nos vieilles poules d’Europe et les plus belles des poules indigènes. Les coqs et les poules de bruyère, les grues, peuplèrent l’île du Requin et celle de la Baleine, tandis que les cygnes noirs, les vierges de Numidie, la poule sultane et l’oiseau de paradis restaient auprès de nous ; nous tâchions de les familiariser en les séduisant par l’appât de friandises. Pendant près de deux heures, je fus occupé de ces transports d’un rivage à l’autre, ce qui donna le temps à Fritz d’arriver et à ma femme de préparer un bon dîner.