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le robinson suisse.

fait prendre la fuite à mon courageux enfant, c’était évidemment un hippopotame, animal plus dangereux dans l’eau que sur terre, à cause de la pesanteur de ses mouvements. À part ces craintes bien naturelles, l’expédition de Fritz avait été heureuse de tous points, et la cargaison qu’il rapportait était bien précieuse, surtout par les échantillons nombreux des végétaux qui croissaient sur les terres fertiles du rivage opposé.

Tous les préparatifs de départ avaient été faits pendant l’absence de Fritz ; nous avions tout emballé sur le chariot, hormis les objets d’absolue nécessité pour le souper et le coucher. Le lendemain matin donc, nous reprîmes le chemin de Felsheim. Fritz me demanda de faire la route par eau dans son caïak : il voulait doubler le cap de l’Espérance-Trompée et côtoyer ensuite le rivage jusqu’à l’habitation. J’avais pleine confiance dans son talent de pilote, et j’étais bien aise aussi de savoir si le passage était possible par le cap ; je lui accordai donc volontiers l’autorisation qu’il me demandait.

En nous séparant, je lui souhaitai encore d’heureuses chances et de belles découvertes. Je lui recommandai spécialement d’examiner avec attention la nature des rivages inconnus qu’il allait parcourir, et de m’en rendre un compte fidèle. Il s’acquitta parfaitement de ce soin. Le versant oriental de la montagne, auprès du cap, lui parut assez aride ; de nombreux rochers descendant dans la mer barraient un peu le passage, mais avec de l’attention on pouvait, sans peine, se frayer un chemin entre ces écueils. Au milieu des rochers croissaient de nombreux arbustes, parmi lesquels il remarqua deux espèces différentes : la première avait des fleurs roses, des tiges épineuses et des feuilles assez longues ; la seconde avait des fleurs blanches et des feuilles plus petites en forme de trèfle. L’une et l’autre exhalaient une odeur agréable ; mais celle de la première était plus pénétrante, celle de la seconde, au con-