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le robinson suisse.

cygnes miraient été plus difficiles à atteindre et leur capture n’eût peut-être^ pas pu se faire sans quelque danger à cause des violets coups d’aile que ces animaux donnent pour se défendre. Ces jeunes cygnes furent plus tard transportés à Felsheim ; nous leur brisâmes le bout de l’aile pour les empêcher de s’envoler, et nous les plaçâmes dans notre baie, dont ils firent l’ornement

Fritz s’apprêtait, après cette expédition, à revenir sur le rivage, et déjà il serrait son lacet, quand il aperçut au milieu des roseaux un bel oiseau, que son cou un peu long et l’aigrette qui couronnait sa tête lui firent prendre, avec raison, pour un héron royal. Notre chasseur se hâta de lui jeter son lacet ; mais l’oiseau se débattit vigoureusement, et, pour ne pas être culbuté par les secousses, Fritz fut obligé de chercher un point d’appui au milieu des roseaux. Alors, en serrant le lacet, il comprima bientôt les secousses de son captif, et celui-ci, se sentant suffoqué, cessa toute résistance et se laissa bander les yeux et attacher les ailes. Le chasseur le plaça derrière son esquif et vint débarquer dans un des endroits qu’il avait précédemment marqués comme permettant une descente facile.

Les trois frères étaient occupés à examiner le butin de Fritz, quand un grand quadrupède sortit du marais et passa à côté d’eux. Il était, me dirent-ils, de la taille d’un poulain, d’une couleur brune, et semblait un jeune rhinocéros, moins la corne du nez ; sa lèvre supérieure descendait au-dessous de la lèvre inférieure, qu’elle enveloppait entièrement. C’était le tapir américain, comme je le leur dis ensuite, animal tout à fait inoffensif et que l’on rencontre souvent près des grandes rivières de l’Amérique du Sud.

Mes enfants, surpris et effrayés par cette apparition imprévue, ne firent d’abord aucune tentative de poursuite ; puis, revenus de leur peur, ils se hâtèrent d’appeler les chiens, qui rôdaient un peu plus loin, et d’apprêter leurs armes. Mais le tapir avait déjà disparu d’un côté où le lac mêlait ses