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le robinson suisse.

appris plus tard de leur propre bouche, et je vais en placer ici le récit.




CHAPITRE XXXV

Continuation du récit de l’excursion des enfants. — Grave châtiment des singes. — Nuit agitée. — Lettre inquiétante. — Lettre pompeuse de Jack. — Une seconde lettre. — Ravage général de nos plantations à l’Écluse. — Toute la famille s’y réunit. — Grands travaux de fortifications.

Nos jeunes gens avaient le projet d explorer le lac voisin de la métairie, et de marquer les endroits où l’on pouvait facilement débarquer sans craindre de voir le canot s’enfoncer dans la vase, ainsi que ceux où les roseaux plantés dans un terrain mouvant ne permettaient pas de s’approcher de la surface navigable. Pour cela, Fritz s’était mis dans son caïak et voguait le long du rivage pendant que ses frères, derrière les roseaux, en côtoyaient les bords à pied. À un signe du canot, ils s’approchaient jusqu’à l’endroit indiqué par le navigateur et y plantaient quelques perches de bambous, comme marque de reconnaissance.

Tout en faisant cette exploration, Fritz essaya d’attraper vivants quelques cygnes noirs. À cet effet, il s’arma d’un bambou muni à l’extrémité d’un lacet en fil d’archal et se mit à poursuivre les jeunes cygnes, qui, d’ailleurs, étaient bien moins farouches qu’on aurait pu le croire. Il réussit à en prendre trois, sans leur faire aucun mal, en ayant soin de lancer son lacet autour de leurs pattes ; ensuite il donnait le bambou à ses frères, et ceux-ci tiraient les captifs sur le rivage, où ils s’en rendaient complètement maîtres en leur bandant les yeux et en leur attachant les ailes. Fritz, avec raison, avait préféré s’attaquer aux plus jeunes : les vieux