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le robinson suisse.

celle d’un loup ; mais ses oreilles étaient fort petites et toutes pointues ; la queue était touffue, les membres vigoureux, et les griffes très-aiguës. Évidemment, les chiens auraient couru grand danger si le coup de fusil de François n’avait pas affaibli à l’avance leur ennemi. Aussi le petit chasseur se montrait-il tout fier de son exploit. Il réclama l’hyène comme son bien, et aucun de ses frères ne songea à lui contester l’honneur de sa victoire ni le butin, qu’ils traînèrent tout de suite jusqu’au chariot, où ils le chargèrent, comptant le dépouiller pendant leur séjour à Waldegg.

lis ne tardèrent pas, en effet, à atteindre la métairie, dont ils étaient peu éloignés, et s’occupèrent de leur dépouillement. Aussitôt volèrent au-dessus de leurs têtes des oiseaux en nombre assez considérable. Un ou deux coups de fusil les dispersèrent, et les enfants purent achever leur tâche avant la nuit. Puis, après un repas au pemmican, ils se couchèrent sur les peaux d’ours, qu’ils avaient emportées sans m’en prévenir.

Pendant ce temps-là, après les travaux de la journée, réunis à table, nous causions, Ernest, ma femme et moi, de nos jeunes coureurs d’aventures. La bonne mère témoignait bien quelque inquiétude à leur sujet ; mais je cherchais à la rassurer en lui rappelant que nous devions avoir confiance dans la prudence et le courage de Fritz. Ernest lançait quelques allusions un peu obscures pour nous. Bientôt, comme nous pariions de ce que faisaient ses frères : « J’espère, dit-il, vous donner demain quelques renseignements au sujet de mes frères.

— Comment cela ? repris-je, ton intention serait-elle d’aller le retrouver ? Je te préviens, mon ami, que tu m’es trop utile ici pour que je te le permette.

— Non, non, je ne compte pas m’absenter, et cependant je saurai sans doute quelque chose. Qui sait ? Je crois aux rêves : je verrai peut-être pendant mon sommeil ce qu’ils font là-bas.