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le robinson suisse.

une barrière assez large ni assez profonde pour arrêter un ennemi déterminé.

Pendant les premiers jours, les enfants se faisaient un jeu de baisser et relever notre pont, ou de grimper le long des poteaux pour découvrir ce qui se passait au delà du ruisseau. De cette position ils apercevaient nos gazelles et nos antilopes galopant dam la plaine, et c’était de leur part à chaque instant des exclamations sur la grâce et la légèreté de ces gentilles petites bêtes.

« Il faudrait, dit un jour Fritz, pouvoir apprivoiser ces animaux. Quel agrément pour nous de les voir venir à nos côtés et se désaltérer dans le ruisseau pendant que nous travaillerions !

— On pourrait y parvenir en imitant les places d’appât qui se trouvent dans la Nouvelle-Géorgie, répondit Ernest.

— Oh ! voilà bien le savant, dit Jack, qui va toujours chercher ses exemples au bout du monde !

— Qu’importe, interrompis-je, à quel pays on emprunte des idées, si ces idées sont fécondes, et leur application possible ?

— Mais, reprit Jack, qu’est-ce qu’Ernest entend par des places d’appât ?

— Voici, repartit aussitôt notre philosophe. Dans la Nouvelle-Géorgie, il existe à l’état naturel un vaste terrain de marne salée et sucrée qui attire sur ses bords des troupeaux entiers de buffles. Ici nous n’avons pas les mêmes ressources, mais nous pouvons y remédier par notre industrie, en créant, comme dans certaines forêts de l’Europe, des lèche-sel artificiels. Placés à l’affût tout auprès, les chasseurs attendent que le gibier vienne s’offrir de lui-même à leur fusil. Je crois qu’avec de la terre de porcelaine et du sel on aurait un excellent appât.

— En ce cas, reprirent mes enfants, il faut faire tout de suite une nouvelle excursion pour aller chercher de la terre de porcelaine. Papa, du reste, en a besoin lui-même, et il