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le robinson suisse.

afin de détruire les insectes ou leurs œufs. Je pris ensuite de l’écorce semblable à celle qui nous avait servi à la fabrication de la chaloupe, et je la collai, en ayant soin de lui donner la forme du corps des deux oiseaux : cela m’était facile, car, en les vidant peu à peu, j’avais pris leurs dimensions. Des petites baguettes formèrent les pattes, et un fil d’archal passant tout le long des ailes suffit à les maintenir dans leur direction. Nous donnâmes à nos oiseaux la pose qui nous sembla la plus naturelle, puis nous nous occupâmes de leurs yeux. C’était, en effet, la partie la plus délicate du travail, et nous la réservions pour la fin. Je fis des petites boules de porcelaine de la grosseur voulue, je les vernis au moyen de la colle de poisson et de ma poudre de verre, et, une fois le globe obtenu, je peignis avec soin la prunelle en essayant de me rapprocher le plus possible des teintes naturelles. Quand les yeux furent placés, ils donnèrent à l’oiseau un air vivant qui prouvait suffisamment que notre tentative avait heureusement réussi. C’était, du reste, sans contredit, le meilleur échantillon de notre talent qui fût dans tout notre musée.

J’utilisai également les œufs d’autruche qui n’étaient pas éclos. Je leur adaptai des pieds du plus beau bois que je pus trouver, et que j’avais tournés avec le plus de soin possible. Les uns devaient nous servir de verres, les autres de vases à fleurs. C’était notre luxe, et même je comptais, si j’en avais le loisir, les enrichir de sculptures et de moulures.

Ces travaux m’avaient pris beaucoup de temps ; mais les enfants avaient bien moins de besogne que moi. Cependant nous n’étions encore qu’au milieu de la saison des pluies, et il était urgent de leur créer une occupation si je ne voulais pas que l’ennui s’emparât d’eux et qu’avec l’inaction germassent dans leur esprit les mauvaises pensées que l’oisiveté entraîne toujours après elle. Ernest se tirait d’affaire avec ses livres, mais mes autres enfants avaient