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le robinson suisse.

faite. Ma femme, dans sa prévoyance, craignait bien un peu que cet animal vorace ne nuisît à ses provisions.

« Que pourrez-vous en faire ? nous dit-elle. Il vous sera inutile, et il mangera en un jour, à lui tout seul, la nourriture suffisante à toute ma basse-cour.

— Mais, dit Jack, nous en ferons un cheval de course, et ce sera certainement le meilleur et le plus rapide de tous. Ernest, tu n’as pas de monture à toi maintenant ; je te céderai mon buffle quand nous aurons dressé l’autruche. »

À l’unanimité, on décida que l’autruche serait donnée à Jack comme monture.

Il était trop tard pour aller le soir même à Felsheim ; aussi nous remîmes le retour au lendemain matin, et nous passâmes le reste de la journée à rassembler nos richesses. Nous nous mîmes en route le lendemain matin ; arrivés au défilé dont j’ai déjà parlé, nous fîmes une halte. Les enfants voulaient emporter les plumes d’autruche qu’ils avaient laissées en cet endroit. Moi, de mon côté, j’étais bien aise d’y faire une petite provision de terre de porcelaine et de prendre aussi quelques-unes des fèves aromatiques que nous avions trouvées dans le voisinage. Je les reconnus cette fois pour être de la vanille. Les espèces de cosses de cette plante avaient un demi-pied de long ; à l’intérieur étaient de petites graines noirâtres disposées symétriquement dans une matière blanchâtre et pâteuse analogue à la moelle. Une odeur très-pénétrante s’en répandait ainsi que des fleurs jaunes à six pétales qui décoraient les grandes tiges. Avant de partir, je fis de nouvelles additions à notre barricade, dans le but de la fortifier. Une rangée de bambous horizontale fut placée pour soutenir les autres, et étayer, en quelque sorte, l’édifice. Je voulais, autant que possible, augmenter les obstacles à une invasion dans nos domaines, et j’eus soin d’effacer les traces de notre passage, afin que nous pussions reconnaître plus tard si quelque autre attaque n’avait pas été tentée contre nos possessions.