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le robinson suisse.

donc toi-même comment vous avez pu vous emparer de ces deux gracieuses bêtes. » Et je lui désignai les deux jeunes chevreaux.

« À la course, reprit-il, à la course. Fritz s’était écarté un peu à la poursuite de ses lapins ; nous continuions notre route au pas pour lui permettre de nous rejoindre. Les chiens furetaient autour de nous dans toutes les touffes d’herbes. Tout à coup ils font lever deux petits animaux de la taille d’un lièvre à peu près qui se mettent à fuir avec la plus grande rapidité ; nous nous lançons à leur poursuite au grand galop, et nos montures vont si vite, qu’un quart d’heure après les deux pauvres fugitifs tombent exténués de lassitude. Nous nous élançons à terre, nous écartons les chiens, et attachons notre butin par les pieds, le tout en un instant ; c’est alors seulement que nous remarquons que ce que nous croyions d’abord être une espèce de lièvre n’était autre chose que deux jeunes chevreaux.

— Ou plutôt, repris-je, de petites antilopes ; — mais elles n’en seront que mieux accueillies.

— Voilà un joli butin, j’espère ; la gloire de l’avoir pris revient en grande partie à nos montures : mon buffle surtout est un coursier infatigable. Avec quelques gouttes de vin de palmier, nous avons lavé les pattes de nos pauvres captives, ce qui a paru les ranimer un peu, puis, les chargeant sur nos épaules, nous sommes revenus vers Fritz, qui ouvrit de grands yeux à la vue de notre chasse.

— Elle était, en effet, brillante ; mais je suis fâché qu’elle se soit mal terminée, puisque tu nous reviens avec une figure enflée comme un ballon. Raconte-moi comment tu as attiré sur toi le courroux d’un essaim d’abeilles.

— Voici, papa, dit le petit espiègle, le récit véridique de ce mémorable événement. Oyez, oyez tous, et instruisez-vous par mon exemple. Nous revenions vers vous quand nous remarquâmes un oiseau qui semblait nous précéder de quelques pas. À mesure que nous approchions, il allait se per-