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le robinson suisse.

en poussant des cris de triomphe, et ne mirent pied à terre qu’à côté de nous. En un instant, les harnais furent enlevés, et les montures, libres de leurs cavaliers, purent aller chercher elles-mêmes leur pâture.

Jack et François portaient chacun un petit chevreau attaché autour du cou, de manière que les pattes se rejoignissent par devant ; et la gibecière de Fritz semblait abondamment garnie.

« Oh ! papa, s’écria Jack, quelle belle chasse ! et que nos buffles sont de vaillants coureurs ! Ils ont si bien fait, que nous avons pu prendre à la course ces deux chevreaux, c’est-à-dire, ces animaux, que j’appelle des chevreaux, sans trop savoir si c’est le nom qui leur convient ; mais le savant Ernest nous dira cela.

— Et puis, reprit François, Fritz a une paire de lapins à longs poils, vivants, dans sa gibecière.

— Vous oubliez le plus important, ajouta mon aîné. El le troupeau de gazelles ou d’antilopes que nous avons forcé de se réfugier dans notre parc par l’ouverture de l’écluse ! Elles sont maintenant à notre disposition, et nous pourrons les chasser ou les apprivoiser à notre convenance.

— Tout cela est très-bien, mes enfants ; mais toi aussi, Fritz, tu oublies le plus important, qui est de remercier Dieu de vous avoir conservés et ramenés sains et saufs au milieu de nous. Il me semble pourtant que mon pauvre Jack a la figure bien enflée. D’où cela vient-il ? Aurait-il rencontré quelque armée de moustiques ?

— Ce sont des blessures honorables que j’ai reçues en me dévouant pour tous, et en tâchant de vous apporter le miel d’une ruche d’abeilles que nous avons découverte.

— Allons, va te faire bassiner la figure par ta mère pour que l’enflure disparaisse, et tu nous rejoindras ensuite. Pendant le repas, ton frère nous racontera en détail votre expédition. »

Le petit garçon ne se le fit pas répéter, et il ne tarda