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le robinson suisse.

Tout en me disant ces choses à part moi, je revenais près de ma femme pour l’aider dans ses différents travaux ; Ernest, pendant ce temps, s’occupait d’achever avec un fil imbibé de vinaigre la section commencée d’un des œufs d’autruche. Bientôt il s’écria : « Papa, la coquille est traversée, mais il reste encore la petite pellicule, veuillez me prêter votre couteau, car elle me semble plus forte que je n’aurais cru. »

Il termina, en effet, l’opération à l’aide du couteau ; et, quand les deux moitiés de l’œuf furent séparées, nous vîmes, au milieu du jaune, le petit poussin sans vie, mais déjà à peu près formé. Toutefois, à ses yeux fermés je jugeai qu’il aurait eu besoin de quelques jours encore pour éclore. L’œuf était, du reste, en très-bon état, et n’exhalait aucune mauvaise odeur. Nous le mîmes de côté pour le montrer aux chasseurs, à leur retour.

Ernest vint ensuite me seconder dans un travail que je jugeais fort important, et je dois avouer qu’il y mit beaucoup d’intelligence et de zèle. J’ai dit qu’en enfonçant un des piquets de notre tente dans la terre, j’avais trouvé quelques feuillets de talc que je comptais exploiter. Nous nous mîmes tous les deux, en effet, à les extraire, et je découvris au-dessous un mica transparent qui se détachait assez facilement par feuilles de l’épaisseur de notre verre ordinaire. Cette découverte était un vrai trésor, car nous pouvions désormais orner toutes nos fenêtres de carreaux transparents qui nous permettraient de recevoir de la lumière, sans être exposés pour cela à la pluie ni au vent. Ma femme surtout appréciait si bien cette heureuse trouvaille, qu’elle accueillit nos échantillons de mica avec une joie qui contrastait avec son calme ordinaire.

La chère ménagère avait préparé pour le souper une des pattes d’ours, et, assis auprès du feu, nous causions tranquillement tous les trois, en attendant le retour des chasseurs.