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le robinson suisse.

pourrait bien être des éléphants ou des rhinocéros. Et pour les cavaliers, ma foi, ce sont… devinez.

— Des girafes ! dit Jack.

— Pas tout à fait, repris-je, mais des autruches, je crois. Nous allons leur faire la chasse et essayer d’en prendre une vivante, ou au moins de nous emparer de quelques-unes de ses plus belles plumes. »

Fritz et Jack coururent alors rappeler le chacal et les chiens, pendant que je cherchais, de mon côté, quelque taillis qui pût dissimuler notre présence et nous permettre d’observer notre gibier. Ernest me suivait, mais son attention était tout entière dirigée vers les autruches, qu’il ne quittait pas des yeux. Tout en explorant ainsi le pays, je trouvai, croissant près des rochers, quelques arbustes minces et assez élevés, qui avaient, au lieu de feuilles, une quantité nombreuse de pousses épineuses. Je reconnus l’euphorbe à gomme vénéneuse, employée souvent comme médicament. Je ne parlai à personne de cette découverte, comptant l’exploiter seul, en raison de ses dangereuses propriétés, et je vis avec plaisir qu’Ernest, tout occupé des autruches, n’avait pas remarqué les incision faites par moi à ces arbres pour en extraire plus tard la gomme.

Bientôt mes deux autres enfants me ramenèrent nos animaux échappés, qui étaient allés sans doute prendre un bain je ne sais où ; mais c’était visible à leur poil tout humide. Étant tous réunis, nous discutâmes notre plan de campagne. Les autruches s’avançaient vers nous en courant les unes après les autres, et ne manifestant aucune défiance. Il y avait quatre femelles et un seul mâle facile à reconnaître aux belles plumes blanches de ses ailes. C’est contre ce mâle que je comptais diriger nos attaques simultanées, et je le recommandai spécialement à mes chasseurs.

Nous avançâmes doucement jusqu’à deux cents pieds environ des autruches, et, là, je recommandai à mes enfants de ne plus faire aucun mouvement, de ne prononcer au-