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le robinson suisse.

CHAPITRE XXVIII

Grande excursion. — Combat d’Ernest contre les rats musqués. — La poule d’Inde, son coq et ses œufs. — Nous allons dans le champ des cannes à sucre. — Une exécution de cochons siamois. — Travaux de fumage. — Le rôti de Fritz. — Ravensara aromatica.

Cette première excursion n’était que le préliminaire d’une autre plus importante. Je voulais savoir par où le boa avait pu pénétrer dans nos domaines, afin de prévenir désormais une invasion semblable. J’annonçai donc pour le lendemain une expédition à la grande baie. Notre palissade de bambous ne me semblait pas suffisante pour nous défendre d’attaques contre les bêtes féroces, et je comptais élever en cet endroit une barrière plus solide.

Les préparatifs furent plus considérables que jamais. Nous avions dans la charrette des vivres pour vingt jours, des munitions de toutes sortes, des torches de résine, des bêches, des pioches, des scies et des haches, sans compter notre tente de campagne, sur laquelle la chère mère était assise commodément. Nous attelâmes les deux buffles, montés l’un par Jack, l’autre par François. Fritz servait d’avant-garde avec son onagre ; Ernest et moi escortions le convoi, tandis que les chiens couraient des uns aux autres, prêts à donner le signal de l’attaque ou de la défense.

Notre première visite fut pour Prospect-Hill. Chemin faisant, nous reconnûmes des traces du passage du boa, mais bientôt elles disparurent entièrement. Tout, du reste, était en ordre dans notre métairie ; les bêtes semblaient en parfaite santé, et leur nombre s’était considérablement augmenté. Je comptais y passer le reste de la journée : aussi, après un dîner improvisé, nous nous dispersâmes dans les environs. Pour la première fois, j’emmenai François à la