CHAPITRE XXVI
Un soir, nous étions occupés à nos travaux ; Jack et Ernest s’étaient éloignés de quelques pas, quand Fritz, se levant tout à coup, se mit à regarder dans la direction de la rivière, mais plus loin, avec une fixité qui m’étonna.
« Je ne sais ce que je vois, me dit-il, mais il y a là-bas un nuage de poussière qui ne peut être formé que par un animal d’une grande taille et d’une grande force.
— Ma foi, repris-je sans me tourmenter, je ne comprends rien à ce que tu veux dire, car tous nos gros animaux sont à l’écurie.
— Je ne distingue pas encore très-bien ; tantôt je vois comme un mât d’une quinzaine de pieds se dresser sur le sol, puis disparaître pour reparaître plus près. »
Cette description commençait à m’inquiéter. « Rappelle les frères, lui dis-je, je vais chercher la longue-vue. »
Un instant après, toute la famille était rassemblée, et, au moment où je revenais, Fritz me cria :
« Papa, je le vois beaucoup mieux maintenant ; son corps est d’une couleur vert foncé, il semble ramper sur la terre, car je n’aperçois pas de pattes. »
Je braquai ma longue-vue du côté que m’indiqua Fritz ; mais à peine j’eus considéré cet objet étrange, que je m’écriai : « Fuyons, mes enfants, fuyons au plus vit, réfugions-nous au fond de la grotte et ayons soin d’en fermer toutes les entrées !
— Pourquoi ? qu’est-ce ? dirent-ils tous.