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le robinson suisse.

l’occasion de renouveler noire provision ; du reste, rien de particulier ne vint signaler cette nouvelle pêche.

Aux harengs succédèrent les chiens de mer, à qui nous fîmes une chasse acharnée. Nous en tuâmes de vingt à trente ; leurs peaux et leurs vessies furent mises soigneusement de côté ; quant à la chair, qui n’était pas mangeable, nous l’abandonnâmes au chacal ou nous la jetâmes à l’eau. Mes enfants étaient si fiers de leur capture, qu’ils voulaient que je leur fisse à chacun un attirail complet de chasse en peau de chien. — Ils demandaient des fontes pour les pistolets, des gaines pour les couteaux, des étuis pour les fusils ; je promis de les satisfaire avec le temps, et une fois que les objets de plus grande utilité seraient achevés. « D’ailleurs, ajoutai-je, nous avons d’autres choses plus pressées, et je pense à utiliser vos loisirs en vous faisant essayer sous ma direction de vannier des corbeilles et des paniers, qui nous font grand défaut. »

Les enfants se récrièrent ; ils auraient voulu auparavant faire une excursion dans la savane ; mais je les calmai en leur promettant que, si nous réussissions dans la vannerie, je ne mettrais aucun obstacle à leur partie de chasse.

Nous avions une belle provision de roseaux, mais je ne voulais les employer que quand nous aurions acquis une certaine habileté : bien m’en prit, du reste, nos premiers paniers ayant été si imparfaits, qu’au lieu de nous en applaudir, nous ne pûmes que rire de leur forme grossière ; ils étaient à peine bons pour recueillir les pommes de terre ; nous arrivâmes bientôt à donner à notre travail une légèreté, et une élégance suffisantes. Aussi, quand je jugeai mes petits ouvriers assez exercés, je leur fis tresser des corbeilles en jonc qui n’avaient vraiment pas trop mauvaise grâce.

D’après les conseils de Fritz, nous résolûmes alors de fabriquer des sortes de doubles paniers qui devaient servir à ma femme et à François quand ils monteraient sur nos bêtes de somme.