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le robinson suisse.

dans un bas-fond, ayant de l’eau jusqu’aux genoux : un homard le tenait fortement serré à la jambe, en vain l’enfant cherchait à écarter les pinces de l’animal. À mon approche le homard lâcha prise, mais je ne voulus pas le tenir quitte à si bon marché de la peur qu’il avait faite à Jack ; je le saisis avec précaution par le milieu du corps et l’emportai. Jack, qui le croyait mort, voulut le toucher ; il reçut en pleine figure un violent coup de queue ; pour se venger il le tua avec une grosse pierre, puis courut tout fier et tout glorieux le montrer à sa mère.

« Maman ! maman ! s’écria-t-il, une écrevisse de mer ! Regardez, Ernest, Fritz, François ! mais prenez garde ! elle mord ! si je n’avais pas eu un solide pantalon de matelot, elle me traversait la jambe de part en part avec ses pinces. Enfin je la tiens ! »

Ernest, après avoir examiné le homard, conseilla de le faire cuire dans le bouillon ; cette proposition ne plut pas à ma femme, qui décida que le homard serait apprêté séparément.

Je retirai nos tonneaux de la mer. Ernest me dit alors qu’il avait, lui aussi, trouvé quelque chose de bon à manger, mais que c’était assez profondément caché dans l’eau et qu’il craignait de se mouiller en voulant l’atteindre. « Ce sont des moules, interrompit Jack, quelle belle trouvaille ! des moules ! je n’en voudrais pas manger, moi.

— Et si c’étaient des huîtres ! répliqua fièrement Ernest, je vais m’en assurer. » Il partit, accompagné de son frère François. Bientôt nous les vîmes revenir avec deux pleins mouchoirs d’huîtres et du sel blanc ramassé dans le creux des rochers, où le soleil avait fait volatiliser l’eau de mer.

La soupe était prête. Les écailles d’huîtres devaient nous servir de cuillers. Pour commencer notre repas, nous n’attendions plus que Fritz, qui arriva enfin d’un air mystérieux, les deux mains cachées derrière le dos. « Je n’ai rien trouvé, » nous dit-il. Mais ses frères, qui déjà l’entouraient, s’écrièrent