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le robinson suisse.

Du reste, nous eûmes bientôt à nous louer d’avoir construit cette solide demeure, car, au milieu du mois d’août, au moment où j’espérais voir la fin de l’hiver, arrivèrent des ouragans affreux : le vent soufflait avec une telle fureur, que nous n’eussions certainement pas été en sûreté à Falkenhorst. La mer était continuellement agitée, des éclairs effrayants et des coups de tonnerre que les échos répétaient au loin accompagnaient les sifflements aigus du vent et le mugissement des vagues. C’était comme le dernier effort de l’hiver avant de nous quitter, car bientôt après, et comme par enchantement, nous vîmes un matin le soleil se lever beau et radieux dans un ciel sans nuages, et une chaude température succéda immédiatement à l’humidité.

Nous pûmes enfin sortir de notre grotte : les enfants se répandirent avec joie dans la campagne, Fritz à leur tête. Le courageux jeune homme, dont les yeux perçants étaient toujours aux aguets, vint bientôt me dire que du sommet d’un rocher il avait découvert dans le marais, au fond d’une anse éloignée, un point noir qui semblait être une barque échouée. Je me rendis à son poste d’observation avec ma longue-vue, mais je ne pus apercevoir l’objet d’une manière assez distincte pour le reconnaître.

« Demain, dis-je aux enfants, il faudra aller visiter cette barque dont parle Fritz : pour cela, préparons aujourd’hui même la chaloupe en vidant l’eau qui la remplit, et munissons-la des agrès nécessaires. »

Mes ordres furent promptement exécutés, et, le lendemain matin, j’emmenai avec moi les trois aînés, laissant François à sa mère. À mesure que nous approchions, chacun augurait diversement de ce qu’il voyait : Fritz tenait à son idée de chaloupe, Ernest pensait trouver un lion marin dont son imagination lui montrait déjà les défenses. Quant à moi, j’opinai pour une baleine ; je reconnus bientôt la justesse de mes conjectures.

Nous ne pûmes pas cependant arriver jusqu’à l’animal en