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le robinson suisse.

bou qui se trouva par hasard être justement de la hauteur de la grotte : au moyen d’une poulie et d’une corde, j’y suspendis la lanterne que nous avions retirée des débris du navire ; ma femme et François furent chargés du soin de l’entretenir.

Je construisis aussi près de la fenêtre une sorte d’armoire destinée à placer tous nos instruments de travail. Ensuite nous employâmes le temps à établir une petite forge : j’étais bien aise d’occuper mes enfants et d’empêcher l’ennui de pénétrer au milieu de nous avec l’oisiveté et le repos. Tout fut donc rangé avec le plus grand soin ; chaque outil eut sa place déterminée, afin qu’on pût le retrouver dès que le besoin s’en ferait sentir.

Ernest était plus particulièrement chargé de notre bibliothèque et des instruments sauvés du naufrage. Nous avions pu recueillir un assez grand nombre d’ouvrages en différents idiomes, traitant de voyages, de questions d’histoire naturelle ou de géographie. Nous résolûmes d’en profiter pour nous livrer sérieusement à l’étude des langues. Ernest et Fritz savaient déjà un peu d’anglais ; ma femme comprenait le hollandais. Jack, séduit par l’harmonie de l’italien et de l’espagnol, s’en occupa plus spécialement, et moi enfin, pensant, d’après mes calculs, qu’un jour ou l’autre nous pouvions nous trouver en rapport avec les Malais, je tâchai de me familiariser le plus possible avec les locutions les plus usuelles de cette langue. Quant au petit François, il était encore trop jeune pour que son caractère eût pris assez de développement ; aussi était-il moins souvent avec nous qu’avec sa mère, qu’il aidait dans tous les soins du ménage.

Notre habitation s’était singulièrement transformée, grâce à de nombreuses améliorations successives : nous pensâmes que le nom de Zeltheim (maison de la Tente) ne lui convenait plus guère, et, après une longue discussion, on résolut de la baptiser de nouveau et de l’appeler désormais Felsheim (maison du Rocher).