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le robinson suisse.

prendre plus vite, nous eûmes soin, les premières fois, de faire une distribution supplémentaire de sel ou de riz à tous ceux qui avaient obéi à l’appel. Nous obtînmes ainsi de très-bons résultats, excepté avec nos porcs ; mais ces animaux voraces savaient bien trouver eux-mêmes une pâture plus à leur goût que nos graines, et, d’ailleurs, nous n’avions pas beaucoup à nous en tourmenter, puisque, grâce à nos chiens, nous avions la certitude de toujours les retrouver.

Pour avoir de l’eau douce, nous étions obligés d’aller la chercher à la rivière du Chacal. Pendant toute la durée des pluies, cette distance semblait bien longue. Je résolus de construire un bassin avec une fontaine d’eau coulante. Nous avions des bambous en quantité suffisante pour faire un canal ; un tonneau fut défoncé et servit de réservoir. Nos travaux n’étaient que provisoires, nous comptions bien les perfectionner plus tard ; mais ma femme trouvait la fontaine si commode, qu’elle nous en dissuada. « Vous m’auriez donné, nous disait-elle, un bassin tout en marbre, avec des jets d’eau et des cascades, qu’il ne m’eût pas fait plus de plaisir que votre fontaine. »

Toutes ces occupations ne nous firent pas cependant négliger les précautions nécessaires pour que la saison des pluies ne nous prît pas au dépourvu. Aussi consacrâmes-nous les dernières journées de beau temps que nous pouvions encore espérer à la récolte des pommes de terre, du riz, des pommes de pin, des glands doux, de l’anis et des ananas ; nous fîmes quelques semailles de grains d’Europe, dans l’espoir de les voir bientôt féconder par l’humidité. Le froment était serré dans des sacs de toile tissée par notre ménagère ; les fruits secs, les légumes, étaient déposés dans des cuves.

Nous avions ensemencé plusieurs sortes de blé à diverses époques : ces différentes espèces ne venaient pas à maturité en même temps. L’éloignement de nos champs nous empê-