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le robinson suisse.

aller leur chercher des noix muscades ? Quel avantage retirerons-nous de cette découverte ?

moi. — C’est quelque chose déjà que de savoir que notre île produit des muscadiers.

ernest. — Ma foi, j’aime mieux les pommes de terre.

moi. — Tu as raison : les pommes de terre sont pour nous infiniment plus précieuses que les muscades, dans les conditions où nous sommes ; mais, si nous retournons dans la société des hommes, tu verras que les muscades ont bien aussi leur valeur. Sache que si jamais un navire abordait sur les côtes de notre île, quelques centaines de ces noix suffiraient pour payer notre traversée.

ernest. — Et notre troisième prisonnier ! quelles belles couleurs noire et blanche à la tête et à la gorge ! quels reflets de vert, de rouge, de pourpre et de jaune sur le dos !

moi. — À ses couleurs variées et brillantes, je le reconnais pour être le pigeon des îles Nicobar.

ernest. — Où donc se trouve ce pays ?

moi. — À l’ouest de la presqu’île de Malacca, et au nord de Sumatra.

fritz. — Je regrette bien que nous n’ayons point pris une ou deux des compagnes de ce pigeon, car, seuls, ils ne pourront guère s’accoutumer au colombier.

moi. — Sois tranquille ; s’ils se trouvent bien avec nous, ils ne tarderont pas à attirer leurs compagnes.

jack. — À moins qu’il ne leur semble préférable d’aller les rejoindre dans les bois.

moi. — Nous tâcherons de leur en ôter l’envie et le pouvoir dès notre retour à Zeltheim. Maintenant hâtons-nous de profiter des trois ou quatre heures de jour qui nous restent encore pour nous mettre en mesure d’arriver au logis avant la nuit. »

L’un de mes enfants rassembla les poules ; Jack, chargé de nous cueillir quelques fruits, prit sur une espèce de palmier une noix que je crus reconnaître pour être l’areca