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le robinson suisse.

jack. — Les singes sont-ils bons à manger ?

moi. — Certains naturalistes prétendent que la chair du singe est un mets délicieux ; moi, je ne tiens point à m’en assurer par ma propre expérience, je crois cela sur parole.

ernest. — Et puisque nous n’avons pas l’intention de nous en nourrir, pourquoi les tuer ?

moi. — Parce qu’ils ravagent nos propriétés. Nous avons le droit de tuer les singes par la même raison que l’on tue les rats, les souris, plusieurs oiseaux de proie, et beaucoup d’autres animaux nuisibles.

friz. — L’homme est-il le maître des animaux ? peut-il les détruire quand il lui plaît ?

moi. — Non, mon enfant : ses droits ont des limites. L’homme peut tuer les animaux pour s’en nourrir, ou pour se défendre de leurs attaques, jamais pour le vain orgueil de montrer sa force, ni pour la satisfaction de ses cruels caprices.

jack. — Pour moi, j’exterminerais volontiers toute la maudite race des singes. Je brûle de me venger d’eux d’une manière éclatante quand je pense aux ravages qu’ils ont faits dans notre métairie.

moi. — En punissant, laisse-toi guider par la justice, jamais par l’aveugle vengeance. »

Nous arrivâmes dans un bois situé à environ un quart de lieue de Waldegg ; nous mîmes pied à terre, et, après avoir lié les jambes de nos montures, nous les laissâmes paître en liberté. Les chiens furent attachés à un arbre : nous craignions qu’ils ne nous trahissent en courant çà et là. Pendant que Jack et moi dressions notre tente, Fritz partit comme éclaireur à la recherche de l’ennemi. Il nous rejoignit après une demi-heure d’absence. Il n’avait pas vu de singes auprès de notre cabane, mais, ayant gravi une petite colline, il en avait aperçu une bande nombreuse dévastant la rizière. Nous voulûmes profiter de leur éloignement, et nous nous rendîmes en toute hâte à la métairie pour tendre nos pièges. L’aspect