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le robinson suisse.

François : d’abord nous lui avons mis sur le dos un morceau de toile à voile, dont les deux pans, formant poche et remplis de pierres, traînaient à terre ; ce qui forçait le taureau à se tenir courbé. Nous lui donnions à manger pendant qu’il gardait cette position. Après l’anneau, c’est ce moyen qui nous a le mieux réussi pour le rendre obéissant.

jack. — Veux-tu que nous fassions un échange, mon bon petit François ? Je te donne mon buffle pour ton taureau ; tu n’y perdras pas, car mon buffle est plus gros que ton veau.

françois. — Tu crois donc que j’estime beaucoup quelques livres de plus de chair et d’os ? Je garde mon taureau. »

Après le manège commença l’exercice de la fronde à balles, où mes enfants ne se distinguèrent pas autant que dans les jeux précédents. Jack et Ernest furent cependant moins maladroits que leur aîné. Pour leur donner de l’émulation, je leur promis que nous ferions dans les savanes une chasse aux gazelles et aux antilopes aussitôt qu’ils seraient plus habiles à manier la fronde. La fête se termina par la natation, où Fritz l’emporta sur ses rivaux. Il nageait comme un poisson. Ernest montra un peu de timidité ; Jack alla trop vite ; quant à François, je prédis qu’il deviendrait un jour un excellent nageur.

Nos jeux se terminèrent avec le jour, et nous revînmes à la grotte, où ma femme nous avait précédés. Elle siégeait comme une reine magnifique sur un trône improvisé par elle. Ce trône était un tonneau recouvert de tapis et de morceaux de toile à voile ; ses quatre fils se rangèrent avec gravité autour d’elle. Jack sonna une joyeuse fanfare en embouchant son poing en guise de trompette. À chaque prix qu’elle donnait, ma femme ajoutait un éloge, un encouragement, un doux sourire et une aimable caresse.

Fritz reçut, pour prix du tir et de la nage, un beau fusil anglais à deux coups, et un couteau de chasse convoité par lui depuis longtemps déjà.