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le robinson suisse.

moi. — Très-bien, mon petit savant ; mais ces cinq heures, ces quarante-huit minutes et ces quarante-cinq secondes ne vous embarrasseront-elles pas dans votre calcul ?

ernest. — Point du tout : on les rassemble tous les quatre ans, ce qui donne à peu près un jour supplémentaire, que l’on ajoute au mois de février, et l’on a une année bissextile.

moi. — Vous êtes digne d’être l’astronome d’une majesté européenne, et vous méritez la présidence du bureau des longitudes.

fritz. — Quant à moi, je ne puis jamais me rappeler exactement le nombre des jours de chaque mois de l’année.

moi. — Tu as sur la main un moyen facile de le savoir.

fritz. — Sur la main ! voilà qui est singulier. Je ne m’en serais jamais douté.

moi. — Ferme la main. Le haut de ton poing montre (sans compter le pouce) quatre petits os saillants et trois enfoncements. Nomme les mois de l’année en commençant par le petites de l’index, auquel tu reviendras après avoir atteint l’os du petit doigt, et tu verras que les mois de janvier, de mars, de mai, de juillet, d’août, d’octobre et de décembre tombent sur les os, et les autres dans les enfoncements ; tout le secret est là : les os marquent les mois de trente et un jours, les enfoncements ceux de trente ; il faut seulement se rappeler que février n’en a que vingt-huit d’ordinaire, et vingt-neuf dans les années bissextiles.

Mes enfants s’exercèrent à compter les mois de cette manière ; je leur recommandai, en outre, d’avoir chacun un morceau de bois pour marquer les jours, leur annonçant que, de temps en temps, nous comparerions les tailles ensemble, pour être sûrs de ne point nous tromper.

Ma femme me reprocha gracieusement de ne l’avoir pas avertie à l’avance du fameux anniversaire, pour qu’elle pût nous préparer un petit festin. « Ah ! ah ! lui dis-je, je vois que tu veux rester fidèle aux usages de notre patrie, où il n’y a point de fête complète sans régal. Mais dans notre so-