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le robinson suisse.

fritz. — Monsieur l’étourdi ne se rappelle pas qu’il y a un an nous avons tous failli être engloutis dans la mer, et que Dieu nous a délivrés en nous faisant aborder sur ce rivage ?

jack. — Quant au naufrage, je m’en souviendrai toute ma vie ; mais, pour la délivrance, vaut-elle la peine d’une commémoration si solennelle ? Nous nous sommes sauvés tout simplement, comme d’autres personnes auraient fait à notre place.

moi. — Tu as raison de dire que l’action en elle-même ne mérite guère qu’on en perpétue la mémoire par des solennités ; mais une autre pensée doit t’occuper : sois convaincu que, sans un secours particulier du ciel, nous aurions péri ; c’est donc un devoir de remercier Dieu. Les cœurs reconnaissants n’oublient jamais les bienfaits reçus.

jack. — Papa, vous avez raison.

la mère. — Comment, il y a un an que nous sommes ici ! le temps passe bien vite.

moi. — C’est au travail que nous devons de trouver le temps si court ; la paresse et l’oisiveté font paraître un mois aussi long qu’une année.

la mère. — Tu ne t’es point trompé dans ton calcul ? as-tu regardé ton calendrier ?

moi. — Mon calendrier ne peut plus me servir maintenant. Comme nous avons fait naufrage le 30 janvier, mon calendrier n’a été valable que pour onze mois. Nous ne pourrons pas en acheter un nouveau ici, il faudra trouver un moyen d’y suppléer.

ernest. — Mon père, je me rappelle que Robinson Crusoé indiquait chaque jour écoulé par une entaille faite sur un morceau de bois.

moi. — Oui ; mais, pour s’y reconnaître, il est nécessaire de savoir combien il y a de jours dans chacun des mois et dans l’année entière.

ernest. — Je sais que l’année contient trois cent soixante-cinq jours cinq heures quarante-huit minutes et quarante-cinq secondes.