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le robinson suisse.

où Fritz et Jack ne tardèrent point à nous rejoindre. « Il était temps, me dirent-ils, de renouveler les provisions de notre volaille ; nous lui avons laissé une quantité de nourriture suffisante pour au moins une dizaine de jours ; et voici des provisions pour nous. »

On se mit à table, et, pour dessert, Ernest offrit ses fraises ananas, auxquelles on fit honneur. Ma femme nous remercia pour le riz, qu’elle déclara excellent, quoique le grain en fût petit.

La bête à bec excita la curiosité de tous mes enfants et donna lieu à Fritz de regretter beaucoup de n’avoir pas pris part à notre glorieuse excursion. Jack se consola en pensant que son élève chacal l’avait bien remplacé. Je dis alors à Fritz : « Mon ami, notre confiance en toi doit te paraître de quelque prix. Pourquoi tant regretter trois ou quatre coups de fusil que tu aurais tirés ? Tu n’es pas content que je t’aie chargé, comme fils aîné, d’approvisionner Falkenhorst ? Envierais-tu le succès d’Ernest à la chasse ? »

Fritz, honteux du dépit qu’il avait éprouvé d’abord, sauta au cou d’Ernest et l’embrassa avec tendresse. Je lui promis de le mener avec nous au lac avant de quitter les parages où nous nous trouvions.

Ma femme pluma et sala les outardes que nous avions tuées ; nous en mangeâmes une au souper, elle obtint les louanges de tous les convives affamés.

Le lendemain, le nom de Waldegg fut donné solennellement à la métairie ; on mit du fourrage dans l’étable, du grain dans le poulailler, et nous quittâmes nos colons, que Fritz fut oblige d’empêcher de nous suivre.

Après avoir marché pendant une heure environ, nous venions d’entrer dans Une forêt d’arbres résineux assez semblables à ceux de l’Europe, quand, tout à coup, des singes, cachés dans les branches, nous jetèrent des pommes de pin, petites, il est vrai, mais qui, lancées d’une si grande hauteur, auraient pu faire des blessures fort dangereuses.