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le robinson suisse.

millet, des lentilles ; mais, le jour même, je coupai le maïs déjà mûr, parce que les oiseaux l’attaquaient. Nous fîmes sortir à peu de distance de nous une douzaine de grosses outardes et des cailles en grand nombre.

D’abord nous fûmes si troublés, qu’aucun de nous ne pensa au fusil qu’il portait sur le dos ; nous restions là comme pétrifiés d’étonnement ; mais nos chiens s’élancèrent hardiment contre trois ou quatre kanguroos aux longues jambes qui, eux aussi, étaient cachés dans les touffes de blé et se sauvaient en entendant les cris des oiseaux.

Fritz, le grand chasseur, fut le premier à revenir de sa surprise, et, indigné contre lui-même, il voulut réparer son oubli. Il avait, suivant son habitude, son aigle sur sa gibecière ; après lui avoir ôté son capuchon, il lui montra de la main les outardes qui volaient au-dessus de nos têtes, et le lança à leur poursuite. L’oiseau de proie fendit l’air comme une flèche, décrivit quelques cercles et se précipita sur une des outardes, qu’il entraîna à terre avec lui. Fritz, qui suivait tous les mouvements de son aigle, accourut assez à temps pour lui remettre son capuchon et lui arracher la malheureuse poule.

Jack, de son côté, voulant essayer l’habileté de son chacal, le laissa se glisser dans les buissons où s’étaient cachées les cailles ; il ne tarda pas à rapporter à son jeune maître une caille vivante, qu’il tenait par une aile et qu’il se laissa prendre doucement entre les dents ; dix à douze fois il recommença la même manœuvre avec succès ; nous lui en laissâmes manger une pour récompense et une autre à l’aigle. Je reconnus ces cailles, à leur plumage, pour être de l’espèce que Buffon a nommée grosse caille du Mexique. Les blessures de l’outarde ne présentaient point de gravité. Nous nous hâtâmes vers Falkenhorst, où nous devions trouver les choses nécessaires pour panser l’oiseau. C’était un mâle ; je voulus l’élever avec la poule outarde que nous avions déjà dans notre basse-cour. Les gerbes de maïs furent entassées sur