dans le banc des harengs : à peine notre ruisseau serait-il assez large pour laisser passer une baleine.
jack. — Veuillez venir vous-même avec moi pour vous assurer de la vérité de ce que je vous dis. Il y en a d’aussi grosses que vous ; si ces poissons ne sont point des baleines, je parie bien que ce ne sont point non plus des harengs. »
Je suivis Jack, et, arrive au bord de la mer, je vis un grand nombre de beaux poissons qui me parurent longs de sept, de huit et même de dix pieds ; d’abord, à leur museau pointu, je les pris pour des esturgeons ; après un examen plus attentif, il me sembla que c’étaient des saumons. Jack me dit d’un air fier et triomphant : « Vous avouerez, papa, que c’est bien autre chose que vos petits harengs ; un de ces poissons suffirait pour remplir une de nos tonnes.
moi. — Maintenant, mon ami, mets-toi à l’eau et tâche de me jeter ces poissons l’un après l’autre pour que je les sale, comme nous avons fait pour les harengs. »
Jack me regarda un instant avec des yeux étonnés, comme pourvoir si je parlais sérieusement ; puis, prenant son parti : « Permettez-moi, papa, d’aller à la grotte ; je reviendrai bientôt. »
Il se rendit à la grotte, d’où je ne tardai point à le voir sortir avec ses flèches, son arc, un paquet de ficelles et quelques vessies de chien de mer. « Maintenant, me dit-il tout joyeux, je suis prêt à exécuter vos ordres. »
À mon tour, je regardai Jack avec une extrême surprise, sans deviner ce qu’il ferait. Il serra fortement les vessies par le milieu, au moyen d’une longue ficelle, dont il attacha un des bouts à une flèche armée d’un crochet de fer ; il déposa le paquet près du rivage, après l’avoir chargé de pierres assez lourdes. Puis il banda son arc, et, ayant saisi le moment où un des plus gros saumons se présentait de côté, il le visa et l’atteignit. Le poisson blessé voulut fuir ; mais, comme la vessie retardait sa marche, nous eûmes le temps de saisir la ficelle et de la nouer à celle du paquet. Fritz