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le robinson suisse.

et obéissants. Jack lui répliqua : « N’entends-tu pas papa qui nous dit que tous ces prétendus diamants ne sont que des cristaux de sel ? Mon cher petit, crois-le bien : il n’y a pas d’autre fée que le bon Dieu. » François se tut, mais en secouant sa jolie tête blonde d’un air d’incrédulité ; il tenait au palais de fées, et je comprends l’extrême surprise de cet enfant. L’imagination pouvait se représenter dans la grotte mille formes fantastiques et bizarres : ici des clochers d’église, des portiques sans fin ; plus loin des trônes assez grands pour asseoir des géants ; des figures singulières et monstrueuses d’animaux et d’hommes ; des monceaux de diamants.

Nous serions restés volontiers plusieurs heures à contempler cette grotte merveilleuse ; mais déjà nos premiers cierges étaient consumés, et je m’aperçus qu’il se détachait, de temps à autre, des fragments de la voûte, fortement ébranlée par les éclats de pièces d’artifice ; nous crûmes donc prudent de sortir. Vous pensez bien que, le reste du jour, il ne fut question que de la grotte. Non-seulement nous avions un logement, il s’agissait d’en tirer le meilleur parti possible. Que de plans ! que de projets ! que d’avis ! Fritz et Jack voulurent quitter le jour même Falkenhorst et venir s’établir dans la grotte ; les têtes plus sages décidèrent que, pour cette année, Falkenhorst continuerait à être notre résidence d’été. Nous y retournions donc chaque soir ; mais la plus grande partie du jour se passait à Zeltheim, où nous nous occupions sans relâche de préparer notre demeure pour l’hiver. On n’allait à Falkenhorst que pour soigner le bétail et se reposer un peu de la fatigue et de la chaleur du jour.