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le robinson suisse.

jack. — Ce n’est que cela ? à l’œuvre donc ! et quand la flamme pétillera, nous ferons un grand trou et nous entrerons tous trois dans la grotte. »

Ils coururent ramasser quelques brassées d’herbes sèches et en firent des paquets que je jetai tout allumés dans le trou ; mais, selon ma prévision, ces herbes s’éteignirent à l’entrée même, tant l’air était corrompu ; je vis alors qu’il fallait recourir à un autre expédient. Fritz courut chercher dans la tente une boîte où se trouvaient plusieurs pièces d’artifices, embarquées sur notre navire pour faire des signaux ; je jetai des fusées et des grenades les unes après les autres dans la caverne ; ces pièces d’artifices éclatèrent avec un bruit épouvantable et envoyèrent hors de l’antre ténébreux une épaisse colonne de fumée, qui avec elle entraîna le mauvais air.

Après avoir attaqué ainsi à outrance, pendant une heure, les esprits ténébreux de la caverne, je tentai une seconde épreuve avec du foin allumé ; et, comme le foin brûla en jetant une flamme très-claire, j’en conclus qu’il n’y avait plus à craindre le danger d’être asphyxiés ; mais cette grotte pouvait renfermer dans ses profondeurs quelque abîme profond, plein d’eau ; il fallait donc nous procurer d’abord de la lumière, pour éclairer notre route. Jack détela le buffle, monta dessus et se rendit en toute hâte à Falkenhorst, pour apprendre à sa mère et à ses frères notre découverte et leur demander une douzaine de nos gros cierges. J’avais préféré envoyer Jack plutôt que Fritz : comme Jack était doué d’une imagination très-vive et d’une sorte d’éloquence entraînante, je pensai qu’il déciderait ma femme à nous rejoindre avec ses deux fils, pour voir la grotte qu’il leur décrirait comme merveilleuse.

En son absence, Fritz et moi, nous agrandîmes l’ouverture de la grotte et nous en retirâmes les décombres, afin que ma femme pût passer facilement. Nous travaillions ainsi depuis trois ou quatre heures, quand nous la vîmes arriver sur notre