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le robinson suisse.

donc que la couche extérieure n’avait été rendue si dure que par l’action du soleil et de la pluie.

Après une quinzaine de jours d’un travail continuel, nous avions fait un trou profond de sept pieds sur huit de haut. Fritz enlevait les décombres dans sa brouette ; moi, je travaillais la voûte ; Jack creusait dans la partie inférieure. Je l’entendis tout à coup s’écrier :

« Papa ! papa ! Fritz ! j’ai percé ! j’ai percé !

moi. — Et qu’as-tu donc percé ? ta main, ton pied, ou la montagne ?

jack. — La montagne. J’ai percé ! j’ai percé !

fritz. — Tu as percé la montagne ? vraiment ? pourquoi pas le globe terrestre ? Eh bien, mon ami, comme nous sommes aux antipodes de l’Europe, il n’y a qu’à se laisser glisser par ce trou pour se rendre directement dans notre pays.

jack. — Comme tu es spirituel, mon cher Fritz ! donne-toi la peine de regarder toi-même, et tu m’expliqueras comment cette barre de fer s’enfonce ainsi, sans rencontrer de résistance.

fritz. — Mais tu as raison ! Voyez vous-même, papa, si Jack ne se trompe pas. »

J’approchai à mon tour, et, prenant la barre de fer dont se servait Jack, j’eus bientôt agrandi le trou au point qu’un de mes fils aurait pu y passer facilement. Je vis que les morceaux de pierre détachés par moi tombaient en dedans et pus juger par l’intensité du bruit de leur chute que la cavité ne devait point s’abaisser beaucoup au-dessous de nos pieds. Jack et Fritz offrirent de pénétrer dans la caverne ; mais, loin de vouloir le leur permettre, je les écartai du trou, car déjà des vapeurs méphitiques s’en exhalaient et commençaient à me donner le vertige. « Éloignez-vous, dis-je à mes enfants ; gardez-vous même d’avancer la tête dans ce trou ; vous tomberiez morts sur-le-champ !

jack. — Comment donc, papa ? avez-vous vu là dedans