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masser sous les arbres quelques fruits pour mettre dans sa hotte. Comme il y avait encore de la place vide sur le char et qu’il n’était pas tard, je résolus, pour utiliser le reste de la journée, d’aller avec mes fils aînés chercher des glands doux dans le bois des chênes, pendant que ma femme et le petit François retourneraient à Falkenhorst. Nous commencions déjà à avoir un plein sac de ces glands, quand Knips, qui rôdait dans un buisson voisin, fit entendre des cris sauvages, auxquels ne tardèrent pas à répondre des cris d’oiseau. Ernest se rendit de ce côté et trouva son singe se battant avec une poule gélinotte dont il voulait prendre les œufs. En bon médiateur, il sépara les deux ennemis et s’adjugea les œufs et la poule. Je fus ravi de cette trouvaille, et j’aidai mon fils à attacher solidement les pattes et les ailes de l’oiseau, pour le mettre dans l’impossibilité de nous échapper ou de se blesser par des efforts violents. Nous repartîmes ensuite. Durant la route, Ernest, qui portait les œufs dans son chapeau, entendit un petit bruit ; nous regardâmes, et, à travers les fentes des coquilles, nous vîmes les poulets vivants. Ma femme nous combla de remercîments. Comme la gélinotte était trop effarouchée, elle l’enferma dans la cage du perroquet mort et donna les œufs à une couveuse ; huit jours après, les poulets étaient sortis et suivaient leur mère d’adoption, mangeant la même nourriture, savoir, des glands doux pilés et arrosés de lait. J’eus soin de couper les longues plumes des ailes à mesure qu’elles grandissaient, de peur que la tentation de s’envoler ne vînt à ces poussins naturellement sauvages ; ils ne tardèrent pas à être aussi apprivoisés que le reste de notre volaille ; pour leur mère, il fallut la tuer, car, malgré tous nos efforts, elle ne voulut point se soumettre à l’esclavage.

Quelques jours après, Ernest revint d’une promenade avec quelques fleurs et des feuilles longues, pointues et épineuses, qu’il donna au petit François ; celui-ci, après s’être amusé avec, les jeta de côté ; j’en ramassai par hasard une