Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XIV

De quelle manière je pris les abeilles sans être piqué par elles. — Les deux ruches. — Préparation du miel. — Construction d’un escalier dans l’intérieur de notre arbre. — Les petits chevreaux et les agneaux. — Nous dressons le buffletin comme on dresse un jeune cheval. — Le singe s’habitue à porter une hotte sur le dos. — Éducation du chacal. — La bougie perfectionnée. — Les bottes en caoutchouc. — Le bassin d’écaille.


Dès la pointe du jour, nous étions debout. Comme je n’avais ni gants ni bonnets à masque pour me préserver des piqûres des abeilles, voici comment je m’y pris : je bouchai leur trou avec de la terre glaise et ne laissai qu’une ouverture juste assez large pour passer le tuyau de ma pipe, dont la cheminée restait en dedans de l’arbre ; je me mis à fumer pour étourdir ces insectes sans les tuer. D’abord nous entendîmes dans l’intérieur de la ruche un bourdonnement qui devint de plus en plus fort, puis se calma peu à peu. Je retirai mon tuyau de pipe sans voir une seule abeille chercher à sortir. Fritz m’aida ensuite à tailler au-dessous du trou bouché avec de la terre glaise une pièce de bois d’environ trois pieds carrés ; avant de la détacher, je recommençai ma fumigation, de peur que l’effet de la première ne fût déjà passé ou que le bruit que nous avions fait en coupant l’écorce n’eût ranimé les abeilles ; enfin j’enlevai le morceau, qui ne tenait plus que par quelques fibres, et, grâce à cette sorte de fenêtre ; nous pûmes voir l’intérieur de l’arbre et contempler avec admiration le travail immense et merveilleux de ces insectes. Il y avait une si grande quantité de rayons, que je compris qu’il fallait d’abord me borner à en retirer une partie, faute de ruche pour contenir le tout. Je coupai donc ces rayons avec précaution, et Fritz les déposa dans des calebasses que lui tendaient ses frères ; j’eus soin d’é-