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le robinson suisse.

bre par François me donnait quelque espérance sous ce rapport. Il s’agissait de savoir la largeur et la profondeur de ce trou. J’en parlai aux enfants, qui aussitôt grimpèrent sur les racines de l’arbre, et en frappèrent le tronc à coups de hache pour juger, au bruit, s’il était creux. Les abeilles, alarmées de tout ce tapage, sortirent en bourdonnant, et, furieuses, se jetèrent sur les perturbateurs de leur repos, qu’elles mirent en fuite en les piquant au visage, au cou, à la poitrine, aux mains. Jack, toujours téméraire et imprudent, avait frappé droit contre leur nid : il fut le plus rudement puni ; Ernest, qui, toujours lent à se décider, était monté le dernier et s’était sauvé le premier, en fut quitte pour deux ou trois piqûres. Je couvris ces blessures avec un peu de terre fraîche ; il fallut appliquer un large masque de limon sur la figure de Jack. Quand la douleur fut un peu calmée, tous poussèrent des cris de vengeance contre les abeilles, et me pressèrent de hâter les préparatifs nécessaires pour nous emparer de leur nid. Moi, je songeais non pas à détruire l’essaim, mais à le transporter vivant dans une autre demeure. Je clouai donc une planche sous la grande calebasse destinée primitivement à servir de cruche, je plaçai par-dessus un toit de paille pour la mettre à l’abri de la trop grande chaleur et de la pluie ; je ne laissai au-dessous, entre les bords de la calebasse et la planche, qu’une petite ouverture ; je pris ensuite de la terre glaise, un marteau, des ciseaux, une pipe et du tabac. Ces préparatifs furent plus longs que je ne l’avais pensé : le soir arriva, il fallut renvoyer au lendemain l’attaque projetée ; du reste, Fritz n’aurait pas pu m’aider, car ses yeux étaient extrêmement enflés et presque fermés.