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le robinson suisse.

ou des rameaux d’arbres. En plusieurs pays les arbres se trouvent dans des conditions si favorables sous le rapport de l’air, de la terre, qu’ils produisent, sans culture particulière, des fruits aussi délicieux que ceux que nous n’obtenons, en Europe, qu’avec beaucoup de peine et de travail. Notre climat est si peu propre à donner de lui-même de bons fruits, qu’un arbre venu de semence a toujours besoin d’être greffé. N’avez-vous pas remarqué, auprès de notre ville, ces petits enclos appelés pépinières ? C’est là que les jardiniers plantent un grand nombre d’arbrisseaux destinés plus tard à la greffe.

fritz. — Voudriez-vous nous faire connaître le pays originaire de ces arbres ?

moi. — La vigne, que j’ai plantée près de notre arbre, à Falkenhorst, ne réussit que dans la zone tempérée ; elle date de loin, comme vous savez, puisque la sainte Bible nous apprend que Noé faisait du vin. Elle vient, sans doute, primitivement de l’Asie Mineure et de l’Arménie, et paraît avoir été connue en Égypte, en Grèce, dès l’antiquité la plus reculée, et plus tard dans le reste de l’Europe méridionale. On voit, par les fables de la mythologie, qu’elle était consacrée à Bacchus. Les fruits à coquille, tels que la noix, l’amande, viennent de l’Orient.

jack. — Et les cerises ? j’en ai tant vu de tous côtés dans notre chère Suisse, que je pense qu’elles sont originaires de notre pays.

moi. — Non, mon ami : elles viennent du royaume du Pont, en Asie Mineure ; c’est le fameux général romain Lucullus, le vainqueur de Mithridate, qui les apporta en Europe, soixante-dix ans avant l’ère chrétienne. »

Quand nous eûmes garni de supports tous nos arbres fruitiers, nous passâmes le pont pour nous rendre dans la plantation de Zeltheim. Les orangers, les citronniers, les grenadiers, les mûriers, venaient à merveille ; mes fils recommencèrent à me faire, sur ces arbres, des questions