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par une bonne nourriture, par des soins affectueux ; sans cela, je vous priverai du droit d’en avoir. »

Cette menace leur parut terrible : nous sommes tellement faits pour la société, qu’à défaut de nos semblables nous nous attachons aux animaux. Ma femme voulut bien promettre de prendre soin de nos bêtes quand nous serions occupés à des travaux sérieux.

On alluma un bon feu où l’on mit à dessein beaucoup de bois vert qui nous donna une fumée épaisse ; au-dessus de cette fumée furent suspendus les morceaux de buffle salés, que je voulais conserver. Le buffletin commença à brouter l’herbe des environs ; on lui fit boire du lait de notre vache, ainsi qu’au petit chacal.

Au souper, nous mangeâmes avec beaucoup d’appétit, et Jack sut très-bien, par ses réponses spirituelles, imposer silence à ses frères, qui se moquaient de lui à propos de son combat avec les buffles et des bottes qu’il voulait se faire avec la peau des quatre pieds de la femelle buffle que nous avions tuée. Nous dormîmes très-bien toute cette nuit-là ; et quand, le matin venu, je parlai du départ, chacun me demanda à prolonger notre séjour dans ces lieux.

« Mon ami, me dit ma femme, tu sais que nous avons abattu un de ces beaux palmiers qui, selon Ernest, contiennent une moelle délicieuse ; ne veux-tu pas que nous en tirions quelque parti ?

moi. — Eh bien, soit. Il nous faudra fendre ce palmier dans toute sa longueur ; outre la moelle, il nous fournira deux grands conduits fort commodes pour amener l’eau de la rivière du Chacal dans notre jardin potager de Zeltheim, et, de là, dans nos nouvelles plantations d’arbres.

fritz. — Je ferai aussi un conduit du même genre pour amener l’eau dans mon bassin d’écaille de Falkenhorst.

ernest. — Moi, je vais être très-content de voir préparer le sagou. Pourrez-vous, mon père, le réduire en petits grains, comme celui que l’on vend en Europe ?