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le robinson suisse.

ment de mon chou ; je vous donnerai de quoi boire à ma santé.

le petit françois. — Tu as donc trouvé aussi là-haut une fontaine ? Nous sommes ici dans une forêt enchantée comme celle dont parle mon livre des contes de fées. Peut-être ces arbres renferment-ils, sous leur écorce, des princes et des princesses métamorphosés ? »

En parlant ainsi, François avait un air tout à la fois convaincu et craintif. Ma femme le prit sur ses genoux et lui expliqua de son mieux qu’il ne fallait pas croire aux contes.

Ceci me fournit l’occasion de dire que, pour instruire ou amuser les enfants, on doit toujours préférer la vérité aux récits menteurs et aux inventions ridicules.

Ernest descendit, et à peine fut-il à terre qu’il tira de sa poche un flacon, prit à sa boutonnière la coupe en coco ; puis, s’avançant vers moi :

« Mon père, dit-il d’un air triomphant, vous voudrez bien permettre à votre échanson de vous présenter une boisson nouvelle qui sera de votre goût ; c’est du vin de palmier. »

Il me tendit sa coupe pleine ; après en avoir bu une gorgée, je la passai à ma femme, qui elle-même en but et en fit boire à ses fils. Nous trouvâmes tous à ce breuvage une saveur très-agréable, à la fois douce et piquante.

« Gloire à notre naturaliste ! m’écriai-je ; qu’il reçoive nos louanges et nos remercîments ! »

Je m’aperçus alors qu’un petit mouvement d’orgueil animait les yeux d’Ernest, et, pour le ramener à la modestie, j’ajoutai :

« Je crains seulement, mon cher ami, que le motif qui t’a décidé à faire ton ascension ne diminue un peu la gloire de la découverte ; n’as-tu pas été poussé plutôt par l’envie de l’emporter sur tes frères que par le simple désir d’être utile ? Une action, pour être véritablement bonne, doit partir d’un principe pur et louable.

ernest. — Je vous assure, mon père, que je n’aurais pas