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que je vous mette en garde contre un fruit d’autant plus dangereux qu’il tente par sa forme et sa couleur ; il croît surtout en Amérique le long des ruisseaux, au bord des marais ; il ressemble assez à de jolies pommes jaunes marquées de rouge ; c’est un des poisons les plus violents que l’on connaisse ; et, suivant certains voyageurs, on s’expose à mourir si l’on s’endort sous l’arbre qui le porte ; cet arbre est le mancenillier ; peut-être se trouve-t-il dans ce pays. En général, promettez-moi de ne jamais manger aucun des fruits que vous verrez sans me les montrer d’abord. »

Après le dîner nous allâmes voir les poules qui avaient mangé du manioc ; elles étaient très-gaies et très-vives ; pour le singe, il faisait mille gambades à son ordinaire. « À la boulangerie, mes amis ! » m’écriai-je ; et je fus obéi. Chacun fit son gâteau, non sans en manquer d’abord quelques-uns qui furent laissés aux pigeons et aux poules. Quand nous en eûmes une quantité suffisante, ma femme nous apporta un plein vase de lait dans lequel nous trempâmes nos gâteaux. Ce fut un régal délicieux.



CHAPITRE X

Voyage au navire. — La machine infernale. — Nous parvenons enfin à nous rendre maîtres de la pinasse. — Le jardin potager planté à mon insu par ma femme et le petit François. — Nous célébrons le troisième dimanche depuis notre naufrage. — Je fais à mes enfants une fronde comme celle dont se servent les Patagons. — L’outarde. — Le crabe et les noix de coco. — L’yguane ou iguana. — Les goyaves.


J’étais décidé à retourner au navire ; je voulais emmener avec moi toute ma famille, car le concours de nos forces était nécessaire pour enlever la pinasse. Il me fut impos-